L’Association des Maires Ruraux a fêté ses 50 ans en 2021. Cinquante années de combats pour faire entendre la voix des citoyens vivant hors des villes, des métropoles et des mégalopoles. La statistique publique, (nouvelle définition l’espace rural par l’INSEE validée également lors du comité interministériel du 14 novembre 2020), reconnait enfin la réalité rurale du pays : sont officiellement classés comme ruraux, 21 millions d’habitants (33% de la population), plus de 30 700 communes (plus de 88% du territoire national).
Nos campagnes sont actives ! 85% des personnes s’y installant sont en activité, les emplois y sont à 18% industriels. Et malgré cela, depuis 50 ans et plus particulièrement depuis une quinzaine d’années, des coups de boutoirs incessants n’ont cessé d’être assenés contre les petites communes en visant à réduire leur nombre, à restreindre leurs compétences et leurs moyens d’action. Le nombre de communes serait donc en partie responsable de tous nos malheurs et de la dérive de la dépense publique ! Il faut donc en éliminer ou les regrouper à tout prix. Quelles billevesées, quelle méconnaissance de la gestion des petites communes, « en bon père tranquille » selon l’expression consacrée. Les chiffres de la DGCL de 2022 sont éclairants : le bloc communal est le moins endetté et le moins dispendieux de toutes les strates de notre organisation territoriale. En comparaison avec les villes de plus de 10 000 habitants, et bien que disposant de moins de DGF (-21%), moins de recettes fiscales (-51%), moins de recettes de fonctionnement (-40%), les communes rurales sont moins endettées (-42%) en investissant plus (+3%) et en ayant des dépenses de fonctionnement inférieures (-45%).
Alors ? Où est le problème ? Nous sommes réunis au sein de l’Association des Maires Ruraux pour porter cette voix de la raison au service de nos territoires et de nos concitoyens. Au-delà des atteintes sur l’existence même des communes, nos concitoyens sont confrontés chaque jour au retrait des services publics, à la désertification médicale, aux fermetures d’écoles et de classes, à la mise en œuvre de la transition écologique, aux difficultés de mobilité accrues avec la crise énergétique et l’inflation, au maintien des commerces, à la fracture numérique…la liste est interminable. Face à ce ressac permanent des atteintes envers nos collectivités, la résistance existe bien. Les crises récentes ont révélé l’utilité des communes dans l’organisation et la structuration de notre État. Pire encore, on a feint de découvrir que la commune était la cellule de base de la démocratie et de l’action locale !
La commune à taille humaine est plus qu’une maille territoriale, elle est une réalité sensible au cœur de ses citoyens, c’est une partie de la réponse aux maux qui rongent la démocratie française ; c’est aussi le sens de notre engagement au sein de l’AMRF.